Johanna Dayer du Clos Tsampéhro, Valais a répondu à nos questions :

Joël Briguet, Christian Gellerstad, Vincent Tenud, Johanna Dayer

Présentez-nous un produit phare de votre gamme
Le Clos de Tsampéhro Rouge, un audacieux assemblage de Cornalin, Merlot, Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon. C’est un vin à la fois puissant et complexe mais qui sait aussi se démarquer par sa fraîcheur et son élégance. Les tanins sont très fins et subtils, ce qui permet aux amateurs d’en profiter dès sa mise sur le marché et de le laisser se bonifier en cave. Ce sera simplement un vin avec deux profils différents selon le moment où on le débouchera. 

Comment s’est créé votre domaine, quelle est son histoire ?

Le Clos, c’est avant tout une aventure humaine. Il est né grâce aux retrouvailles de deux amis de l’armée, Christian Gellerstad et Joël Briguet. Ils se sont les deux passionnés par le vin malgré que leurs chemins se soient séparés. En effet, un est devenu vigneron et a créé la Cave la Romaine. Quant à Christian, il a lu, voyagé, exploré, dégusté jusqu’à devenir tellement pris d’enthousiasme par cet univers passionnant qu’il s’est rendu à Changins pour y faire l’Ecole du Vin. Lorsqu’ils se sont croisés à nouveau sur les pistes de ski, Christian a tout de suite évoqué son idée d’élaborer sa cuvée des copains, tout en montrant qu’en Suisse nous avions de grands terroirs. Rapidement, Joël lui avait trouvé un petit bout de vigne sur la commune de Lens dans le hameau de Flanthey, terroir de prédilection du Cornalin. Après de multiples discussions, ils firent l’acquisition de la totalité du Clos sur un lieu-dit d’exception: Le Tsampehro. Ce nom est tiré du patois de Lens et signifie champêtre ou le champs aux poires. Il exprime le micro-climat exceptionnel que possède le Clos. Sur ces 36 parcelles acquises comme pour assembler un puzzle, les Tsampéhristes ont décidé de préserver les vieilles vignes mais ont aussi souhaité replanté des vieilles variétés indigènes quasi abandonnées en Valais, telle que la Rèze ou encore le Completer. Aujourd’hui, c’est 2,5 hectares de vigne d’un seul tenant, qui sont exploitées pour en faire quatre cuvées avec pour seule règle: ne faire aucun compromis sur la qualité. Le Clos est parsemé d’arbres fruitiers et autres arbustes indigènes afin de maximiser la biodiversité dans ce jardin exceptionnel où la nature est reine. Le tout est exploité en reconversion en culture biologique. 

Zugang zum Weinberg, Western Style

– Pour quelle(s) raison(s) vous êtes vous installé dans cette région ?

Le Valais c’est une mosaïque de terroirs, de cépages, d’exposition. C’est une des régions viticoles les plus complexes et les plus fascinantes au monde. Chaque parcelle a son histoire, son héritage familial, son patrimoine. C’est un véritable patchwork de diversité et cela reflète finalement bien la richesse de la nature, variée et magnifique. Trois des Tsampéhristes sont valaisans et le quatrième, l’est d’adoption, cela nous paraissait donc une évidence de montrer avec le Valais, qu’en Suisse, nous avons un grand terroir et que pouvons produire de magnifiques vins avec une immense diversité selon nos opinions, notre savoir-faire, nos convictions et valeurs. 

– Que faites vous durant cette période de confinement ?
Notre chère dame nature n’attend pas. La taille est terminée, nous tirons les bois et les broyons afin de les utiliser comme matière organique dans les rangs de vigne. Cela permet également de faire une sorte de paillage temporaire. 
Certains rangs peuvent être labourés à la charrue à l’aide d’un treuil. Cela nous permet d’aérer les sols et de désherber mécaniquement.
Nous attendons impatiemment la sortie des bourgeons qui sont dans leur lit de coton pour l’instant. Par contre, nous espérons que la nature sera clémente et nous épargnera tout épisode de gel qui peuvent survenir encore jusqu’à fin avril. Nous avons dégusté toutes les barriques pour évaluer quels fûts avaient besoin d’un bâtonnage afin de leur apporter une texture plus crémeuse.

Comment continuez vous votre activité dans cette situation de Covid-19 ?

Nous sommes toujours à la disposition des clients même si nous ne pouvons malheureusement pas les accueillir pour des dégustations pour l’instant. Nous livrons gratuitement dans toute la suite et nous allons créer une série de vidéos pour échanger avec nos clients sur nos anciens millésimes. 

Qu’attendez-vous d’un sommelier ?

Votre capacité à nous vendre du rêve. Nous ne pourrions pas exister sans vous! Nous pouvons faire un vin merveilleux mais si nous n’avons pas les sommeliers pour en parler et le mettre en avant, ce serait beaucoup plus compliqué! Vous avez de l’énergie, du dynamisme et grâce à vos paroles, vous pouvez embarquer d’autres épicuriens dans les aventures d’un vin, de son histoire, de notre travail et philosophie. Vous rendez le vin accessible et lui permettez d’avoir ses vraies lettres de noblesse: être apprécié dans un moment de partage et de plaisir. Que les clients qui débouchent une bouteille en votre compagnie passe un moment de bonheur, c’est notre ultime objectif. Donc merci de répondre parfaitement à nos attentes!

Y a-t-il un autre producteur ou une région qui vous inspire particulièrement ?

C’est une question difficile puisque dans le monde entier et simplement dans toute la Suisse, on retrouve des producteurs passionnés qui font des vins à vous faire pleurer. Les producteurs qui partagent cette envie de faire plaisir à travers le vin qu’ils font nous inspirent toujours! Et souvent, ils ont autant de manière inspirante et différente de le faire, c’est ce qui rend le tout fantastique! Chaque année, nous partons à la découverte de nos confrères pendant quelques jours et nous revenons toujours avec des étoiles dans les yeux, tant les échanges sont merveilleux et enrichissants. 

Qu’est ce que vous lisez en ce moment ?

Les cépages suisses de José Vouillamoz et son grand frère, Wine grapes quand la curiosité n’arrive pas à se calmer. 

– Quel est le moment que vous préférez dans votre quotidien (hors coronavirus) ?
Avoir la chance d’échanger entre associés, se soutenir, avoir de nouvelles idées et surtout pouvoir avoir l’immense chance d’être à l’extérieur, dans la nature et contempler cette beauté autour de nous tout en respirant l’air pur du Valais. 

– Quelle(s) est/sont votre/vos activité(s) en dehors de votre domaine ?

C’est un temps pour la réflexion. Nous prenons du recul et réfléchissons à comment faire toujours mieux tout en adaptant nos pratiques afin d’avoir une façon d’exercer notre métier qui soit la plus durable possible. Nous aimons partager nos activités avec nos clients Tsampéhristes, c’est pourquoi nous élaborons un programme d’activité pour les grands et les petits où tout le monde met la main à la pâte. Ils peuvent élaborer avec nous des préparations biodynamiques, par exemple. 

2014(PHOTO-GENIC.CH/ OLIVIER MAIRE)