L’Artisan vigneron Alex Stauffer de la Cave « le vin de l’A »a répondu aux questions du Blog Solidaire de l’ASSP

– Présentez nous un produit phare de votre gamme

Sans aucun doute celui que je considère comme le plus prestigieux des cépages de notre vallée du Rhône…
Issu d’une parcelle de 500 m 2 située à Ollon, ce Cornalin aura produit une barrique unique en 2019. Après 30 jours de macération et une extraction en douceur, son jus est riche, puissant et concentré. Encore au stade de la puberté, il nécessitera quelques temps d’élevage avant d’atteindre son apogée. Avec une nouvelle parcelle isolée de 3’000 m 2 récemment acquise en 2020 dans son terroir de prédilection à Flanthey, le Vin des Amants
devrait être en passe de devenir la référence du domaine, magnifié par une reconversion progressive en biodynamie ainsi que de très bas rendements.

Comment s’est créé votre domaine, quelle est son histoire ?

L’aventure a débuté en 2018 avec l’achat d’une petite parcelle de 500 m 2 de pinot noir à Flanthey. Après quelques rencontres amicales et le bouche-à-oreille, plusieurs parcelles sur les côteaux de Sierre sont encore et toujours reprises contre bon soin ou en location. Le domaine continue sans cesse son expansion et a déjà triplé sa surface depuis l’an passé pour atteindre 1.5 ha en 2020.

– Comment êtes-vous arrivez dans ce secteur d’activité ?

Par amour du vin. Intéressé depuis tout petit déjà aux travaux dans les vignobles, au jardin et dans les champs, j’ai souvent pensé être trop fainéant pour ce métier. Avec la passion et l’expérience de la dégustation de grands vins issus de grands terroirs, l’envie m’a pris de tenter ma chance. J’ai donc décidé tardivement de commencer une formation
d’ingénieur oenologue à Changins en 2011 à l’âge de 32 ans, avec l’ambition cachée de produire mes propres crus, un jour peut-être…

Comment est née votre passion ?

En dégustant très vite des bons vins de qualité, avec mon père Michel et des amis, puis en me constituant une cave par la suite, pendant une dizaine d’années. Ayant grandis au portes de Lavaux, le paysage et ses vins m’ont convaincu de la beauté de cette activité.
Mais il m’en fallait plus pour mieux comprendre les raisons de telles différences entre les crus, approfondir les notions de terroir et découvrir les clés de la réussite pour faire un bon vin.

– Quelle est la philosophie de votre domaine ?

Composé majoritairement de vieilles vignes et légérement mécanisées peu à peu dans la mesure du possible, la devise est de taille: rester petit pour devenir grand. En cultivant les plus anciens cépages autochtones (Humagne, rèze, cornalin) ainsi que les plus ancrés
dans la culture valaisanne comme le fendant et le pinot noir, l’objectif de l’A est de les cultiver avec respect et dévotion afin de retrouver leur typicité en adéquation totale avec leur terroir. Désherbages manuels et mécaniques, applications biodynamiques, fermentations spontanées, respect de la matière première et secondaire; autant d’éléments que je considère nécessaires à l’élaboration de vins sains, vivants et générateurs d’émotion.

Pour quel(s) raison(s) vous êtes vous installé dans cette région ?

Après une expérience écourtée comme chef de culture dans prestigieux domaine sur la Côte, j’ai décidé de suivre mon instinct et de vivre pour mes 2 passions, la vigne et le vin. Quoi de mieux que la région de Sierre pour me donner l’opportunité d’y parvenir. Amoureux de la région, de son climat, des montagnes et de ses côteaux, il n’en fallait pas plus pour me rapprocher de la famille, retrouver l’équilibre entre le ciel et la terre…
Le terroir d’ici est aussi riche en rencontres humaines que qualitif. Pour ceux qui y croient et y donnent un sens, ses terres constituent un joyaux sans compromis; la promesse d’y exercer un art malheureusement en perte de vitesse, que je tiens à perpétuer en biodynamie sur des pentes à la limite de l’extrême.

 

Quelle est votre relation avec l’ASSP et quelle(s) collaboration(s) imagineriez-vous pour se soutenir mutuellement dans cette situation inédite ?

Nous venons de faire connaissance, et j’apprécie toute forme de collaboration avec des professionnels de la branche, qui ont un esprit critique et apprécient autant que moi les plaisirs essentiels de la vie.

Qu’attendez-vous d’un sommelier ?

Le partage de la passion et de l’engagement pour notre métier, les échanges sur le plaisir de la bouche et cultiver la noblesse des produits issus de nos terroirs.
Que serions-nous sans nos meilleurs ambassadeurs?

– Y a-t-il un autre producteur ou une région qui vous inspire particulièrement ?

Cascina degli Ulivi, domaine créé par le défunt Stefano Belotti au sud d’Alexandrie dans le Piémont. Découvert l’an passé lors d’un voyage et conseillé par un ami et brilliant oenologue, ses vins natures et biodynamiques resteront gravés dans ma mémoire pour
longtemps…

Une boisson que vous appréciez particulièrement ?

Le vin avant toute chose, la bière aussi, et le whisky.

– Quelle(s) est/sont votre/vos activité(s) en dehors de votre domaine ?

Les activités en montagne, hiver comme été, un peu de musique, ainsi que naviguer sur le lac, choses devenues rares par la force des choses…